Paris

J’ai quitté la France il y a quelques jours.
J’ai dans les yeux des reflets rougeoyant, des couleurs vives qui m’ont laissé en éveil comme jamais.
J’ai quitté la France il y a quelques jours avec les oreilles emplies de sons inattendus.
J’ai quitté la France avec dans la bouche un goût si particulier que je ne l’oublierai pas.
Ces tons rouges, orangés n’étaient pas ceux du sang, ils n’était pas ceux des feux de signalisation.
Dans mes oreilles ne sifflaient pas les sirènes annonçant la peur et la mort.
Dans ma bouche n’affluait pas l’aigreur et l’horreur de l’humanité.
Il y a quelques jours j’ai quitté la France envahie par un sentiment de gratitude envers l’Univers.
L automne n’avait jamais été aussi beau, les feuillages ont pris leurs teintes d’un rouge malicieux et
l’ocre tel de l’or voulait s’y mêler.
Le bruit de feuilles que le vent dans sa bienveillance emmenait, berçait mes doutes et la petite fille en moi.
J’ai quitté la France, avec des odeurs de fleurs fraîches, et de thés parfumés.
J’ai dans la tête les sons d’une ville vivante et qui a tout pour Elle, qui a tout d’une grande.
Dans ma bouche, sa gastronomie m’a emporté avec des bouillons parfaits et de la dentelle dans chaque met.
Tout cela n’est pas si loin et pourtant mes sens sont bouleversés.
Alors je m’assois et je revis dans ma tête ces instants de perfection pour que jamais ils ne s’effacent.
Pour que jamais l’acide, la peur, la terreur ne remplacent toute la Beauté.
Nous ne sommes jamais à l’abri de la terreur, jamais, car c’est ce pour quoi elle existe.
Alors laissons la Beauté s’exhaler de chacun de nos gestes, dans chacune de nos prières, dans chaque repas préparé, dans chaque main tendue.
Dans chaque trottoir que nous foulerons, chaque café où nous irons nous assoir, chaque concert que nous irons voir, laissons la Beauté et la Plénitude prendre place.
Le plus Beau est de vivre.